Pascal Levy
Évènement

Robert Badinter, l’orateur mis à l’honneur

À l’occasion de la deuxième journée d’hommage organisée par l’université avec l’appui de sa fondation, et à quelques jours de son entrée au Panthéon, Robert Badinter a été salué avec solennité. Ancien étudiant puis professeur émérite de l’université, il demeure une figure marquante et un orateur hors pair, engagé pour la justice et la dignité humaine, qui continue d’inspirer les générations actuelles et futures.  

Mardi 7 octobre 2025, plus de 350 étudiants se sont rendus dans l’amphithéâtre Pierre-Henri Teitgen du centre Lourcine pour assister à la projection du discours prononcé par Robert Badinter devant l’Assemblée nationale, en faveur de l’abolition de la peine de mort, avant de participer à un débat autour de la figure de Robert Badinter l’orateur.

Un universitaire passionné et un orateur d’exception

Raphaële Parizot et Thomas Clay, professeurs en droit privé et sciences criminelles à l’École de droit de la Sorbonne (EDS) ont introduit cet après-midi d’hommage. Après avoir commencé à revenir sur la carrière de Robert Badinter, Thomas Clay a poursuivi : « Robert Badinter était un véritable universitaire, au point d'ailleurs qu'assez vite, l’enseignement était devenu sa priorité. Il avouera plus tard – lorsqu'on l'interrogeait sur la campagne de 1965 – "je n'ai pas participé à la campagne de 1965, aux côtés de François Mitterrand, non par choix politique, mais parce que j'avais décidé de me présenter à l’agrégation de droit privé et de réaliser enfin ma première ambition : enseigner le droit." »

De son parcours d’universitaire et d’avocat à celui d’homme politique, en passant par sa lutte pour l’abolition de la peine de mort, Thomas Clay et Raphaële Parizot ont retracé le fil de l’histoire de Robert Badinter au travers de récits ponctués d’anecdotes sur le parcours de cette éminente figure et la puissance de son talent d’orateur. « Robert Badinter définissait l’éloquence comme le fait de "plaire, émouvoir, convaincre." En effet, plaider une cause implique l’art de convaincre », a ajouté Thomas Clay avant de finir par une nouvelle citation de Robert Badinter à propos de l’éloquence : « Pour congédier les mots qui vous retombent aux pieds, il faut aller puiser dans ses ressources pour parler face nue. »

Les étudiants présents ont ensuite pu mesurer ce talent d’orateur lors de la projection du discours pour l’abolition de la peine de mort prononcé par ce dernier à l’Assemblée nationale. 

Pascal Levy
Pascal Levy

L’émotion d’un discours historique  

« Il est un peu difficile de parler à cet instant. Je n’avais jamais entendu le discours de Robert Badinter dans son intégralité et c’est une tension et une émotion particulièrement forte », a déclaré Christine Neau-Leduc, présidente de l’université à l’issue de cette projection. « Au sein de notre, de son université, il a maintenu un lien constant et c’est un honneur de voir l’un des siens rentrer au Panthéon », a-t-elle conclu avant de céder la parole à Sophie Cras, vice-présidente déléguée science avec et pour la société, et Claude Bartolone, ancien président de l'Assemblée nationale et présent en tant que nouveau député au moment du discours de Robert Badinter.

L’après-midi s’est donc achevée avec un débat animé par Sophie Cras avec Claude Bartolone ainsi que les étudiants présents dans l’amphithéâtre. « Je voudrais que des moments tels que ceux que vous venez de voir, servent à quelque chose. Pour faire passer des messages au pays, il faut une incarnation. D’un seul coup, vous découvrez l’émotion qui est celle de transformer des convictions en vote. Robert Badinter arrivait porteur de sa carrière d’avocat. Avocat qui avait connu le bruit de la lame qui tranchait. On découvre ce que représente la force de l’engagement, des mots et l’incarnation et c’est d’ailleurs ce que j’ai ressenti à nouveau en regardant à nouveau cette intervention », a déclaré l’ancien président de l’Assemblée nationale.

Les étudiants présents ont ensuite pu échanger avec Claude Bartolone et lui adresser quelques questions. « Selon vous, que reste-t-il du discours moral et politique des propos prononcés par Robert Badinter que l’on vient d’entendre sur la peine de mort ? », « Est-ce que vous pensez qu’aujourd’hui si on avait dû voter l’abolition de la peine de mort cela serait passé ou cela aurait été plus compliqué ? » ou encore « Avez-vous déjà regretté ce vote ? », le micro a circulé dans l’amphithéâtre faisant état des diverses réactions des étudiants après l’écoute de ce discours historique.

Cette deuxième journée d’hommage a ainsi mis en lumière l’éloquence et l’engagement de Robert Badinter, rappelant que la parole peut être un instrument de liberté et de justice. En célébrant l’orateur qu’il fut, l’université rend hommage à son combat pour l’abolition de la peine de mort, désormais inscrite dans la Constitution.